|
|
Appel à contributionsModalités de l'appel à contributions :Les propositions d’intervention, d’environ une page ou 500 mots maximum, en français ou en anglais, devront être envoyées le mercredi 30 Janvier 2015 au plus tard à l’adresse suivante : colloquecitdem@gmail.com - Les droits d’inscription au colloque sont fixés à 20 Euros. - Les frais de déplacement et d’hébergement sont à la charge des intervenants. - Le Comité scientifique fera connaître les propositions retenues le 23 Février. Télécharger l'appel à contributions (complet) --------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Les récents questionnements scientifiques sur la citoyenneté sont davantage centrés sur ses pratiques, ses expressions et ses significations quotidiennes que sur son caractère institutionnel et encore moins sur le statut juridique qui lui est lié en termes de droits et d’obligations (Neveu et al., 2011). Nous pouvons même avancer l’idée que la citoyenneté s’est progressivement déterritorialisée, de telle sorte que le lien étroit entre souveraineté territoriale de l’État-nation et loyauté politique est de plus en plus remis en question (Purcell, 2003). En effet, les références locales, l’appartenance à une communauté groupée autour d’un espace de vie à l’échelle infranationale peuvent changer le regard sur la citoyenneté, ébranler les fondements de la citoyenneté nationale au point d’en proposer de nouvelles formes d’expression. Plusieurs communautés citoyennes (minorités, groupes politiques, habitants d’un quartier, ceux qui se sentent exclus des processus de décision, etc.) ont commencé à revendiquer leurs droits culturels et politiques, à prétendre à une certaine visibilité dans l’espace public, à s’approprier l’espace et à investir les villes, par leurs pratiques socio-culturelles et leurs modes de vie spécifiques. De plus, de nombreuses recherches interrogent la spatialité de la citoyenneté et ses expressions spatiales, par exemple en mettant au coeur de leur analyse l’espace urbain (Isin, 1999 ; 2009). David Harvey (2012) souligne dans ce sens combien les villes continueront à se trouver au coeur des luttes socio-politiques en raison des (in)justices socio-spatiales qui existent en leur sein. Dans ce cadre, le concept lefèbvrien de « droit à la ville » est souvent évoqué afin de penser la ville comme cadre d’expression de nouvelles formes de citoyenneté allant au-delà du cadre institutionnel. Le droit à la ville se nourrit également du concept de justice spatiale, et légitime pour les citoyens le refus de se laisser écarter de la réalité urbaine par une organisation discriminatoire et ségrégative. De ce fait, il pose les jalons d’une citoyenneté urbaine. Depuis quelques années, on constate dans le monde une augmentation des inégalités internes aux pays à tel point qu’il n’est plus possible, loin s’en faut, de tenir pour un principe établi que le développement économique d’un pays doit nécessairement se traduire par une diminution des inégalités en son sein. Ces fortes inégalités sociales internes aux pays, qui accentuent à n’en pas douter le sentiment d’injustice, vont de pair avec des inégalités spatiales très marquées, si bien que la ségrégation, exprimant l’existence d’inégalités dans une société gardant encore de sa cohérence et de sa cohésion, cède face à la fragmentation, voire à la ghettoïsation. C’est ainsi qu’aux États-Unis les « parias urbains » (Wacquant, 2006) vivent dans des espaces d’exclusion oubliés des pouvoirs publics, entendons de véritables ghettos urbains se trouvant dans un état avancé de délabrement et de misère sociale – cette dernière participant en outre d’une « économie » carcérale. En France, si la notion de ghetto fait débat, il reste que des recherches récentes ont montré à quel point se développent des processus de ghettoïsation, que ce soit par le bas comme dans les cités d’habitat social (Lapeyronnie, 2008 ; Boucher, 2010), ou par le haut comme dans les « beaux quartiers » de la bourgeoisie (Pinçon, Pinçon-Charlot, 2007) ou au sein des quartiers gentrifiés (Smith, 1996). Au regard des inégalités spatiales actuelles, il semblerait que l’un des intérêts du mot « ghettoïsation » est de ne pas figer la réalité observée tout en mettant en évidence des tendances radicales de concentration territoriale de la pauvreté à partir de dimensions spatiales, sociales, économiques, politiques, institutionnelles ou même ethniques. Cela étant précisé, force est d’observer que c’est à l’échelle de la planète tout entière que se développent des formes accentuées de séparatisme territorial, dont les gated communities (Lelandais, 2014), les ghettos dorés et les bidonvilles en sont l’expression la plus forte (Paquot, 2009 ; Davis, 2006). Au regard des inégalités sociales se traduisant par des inégalités spatiales, il semble nécessaire de relativiser les rhétoriques transnationalistes mettant l’accent sur les processus de déterritorialisation (Marchal, Stébé, 2014) et sur la mobilité généralisée tout en nous efforçant d’analyser ces différents phénomènes dans une relation dialectique plus qu’exclusive (voir les travaux de A. Appadurai ou de J. Urry par exemple). Dès lors, il n’est pas étonnant de constater que si certains observateurs mettent l’accent sur l’avènement, à l’échelle mondiale, sinon d’une classe moyenne mondiale (Dezalay 2004 ; Keck et Sikkink, 1998), du moins d’un mouvement de moyennisation du monde, d’autres insistent, à l’instar de Z. Bauman (2011), sur la dualisation du monde entre des « mondiaux » déterritorialisés et des « localisés » captifs. Quelles sont les répercussions de cette évolution sur la citoyenneté et les identités ? Contrairement à l’idée selon laquelle la mondialisation effacerait les spécificités identitaires, ne constatons-nous pas en réalité l’intensification du sentiment d’appartenance quant aux micro-identités ? De même, qu’en est-il du concept de citoyenneté mondiale ? Ces interrogations sont également valables dès lors que l’on interroge le sens même de la démocratie en Europe. La déception à l’égard du politique est forte, si bien que l’engagement partisan semble loin pour des individus déçus, ou plutôt « indignés », par ce qui est alors perçu comme un autoritarisme insupportable des décideurs politiques. Partout dans le monde, des mouvements naissent en marge des organisations politiques traditionnelles, comme ce fut encore le cas très récemment en Turquie sur la place Taksim d’Istanbul, en Espagne sur la place del Sol ou au Brésil à Sao Paulo. L’objectif de ce colloque, initié par le Comité de recherche CR 01 « Identité, espace et politique » de l’Association internationale des sociologues de langue française (AISLF), sera de nous interroger sur ces différentes perceptions et conceptions de la citoyenneté tout en la situant dans une approche spatiale. Il s’agira également de la situer à la croisée des questions identitaires (Marchal, 2012) et de débattre des effets sur la citoyenneté de la montée des identités subjectives (ethnique, culturelle, religieuse, sexuelle, sociale etc.) et des défaillances de la démocratie représentative dans nos sociétés actuelles. Par ailleurs, quelles que soient les pratiques de résistance, nous constatons qu’une grande partie d’entre elles émergent et sont exprimées dans l’espace urbain : la ville devient la scène par excellence des pratiques de résistances exprimées à des degrés divers par des individus, groupes sociaux ou communautés qui la composent. Ces dernières années, des résistances liées à de grandes mobilisations sociales et politiques, allant d’Occupy Wall Street aux Indignados, des révolutions arabes à la place Maidan en Ukraine, se sont déroulées dans les rues des grandes villes : elles ont fait émerger la voix de ceux qui se sentaient exclus des mécanismes de décision politiques et économiques et se sont positionnées de loin ou de près sur des problèmes urbains et plus largement sur la vie quotidienne des habitants. Partant de ces constats, le colloque sera organisé sur deux jours, autour de trois axes majeurs : 1- La citoyenneté au prisme des inégalités spatiales : Cette session visera à interroger les processus de fragmentation socio-territoriale qui marginalisent des individus et des populations se sentant loin de la participation citoyenne. Plus encore, en quoi de tels processus peuvent conduire à faire de l’identité citoyenne non pas un support de sens mais bien plus un support de non-sens ? 2 - L’identité vs la citoyenneté ? 3 - La ville comme le lieu d’expression identitaire et d’invention de pratiques citoyennes
|